Hypomagnésémies profondes (<0,3 mmol/L) : étude descriptive monocentrique de 86 patients - 26/05/16
Résumé |
Introduction |
L’hypomagnésémie est définie par un seuil plasmatique<0,7 mmol/L et les premiers symptômes apparaissent habituellement pour des valeurs<0,5 mmol/L. Il existe peu de descriptions des hypomagnésémies très profondes (<0,3mmol/L) dans la littérature et notre objectif était d’en décrire les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et biologiques.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude descriptive monocentrique. L’entrepôt de données informatique de notre hôpital depuis son ouverture (2001) jusqu’en septembre 2015 a permis une recherche exhaustive de tous les patients ayant une hypomagnésémie très profonde (<0,3 mmol/L). Une grille standardisée a été utilisée pour le recueil rétrospectif, après analyse des dossiers, des données démographiques, des antécédents, de la prise de traitements potentiellement favorisants, des anomalies biologiques associées (notamment de la kaliémie et de la calcémie), des causes retenues d’ hypomagnésémie, et de la mortalité intrahospitalière.
Résultats |
Sur 38 125 magnésémies réalisées dans notre hôpital sur 14ans, 122 patients (0,32 %) avaient une hypomagnésémie inférieure à 0,3mmol/L (âge moyen 66±17,3ans, 51 % d’hommes). Nous présentons ici les résultats des 86 premiers dossiers étudiés. Les patients étaient principalement hospitalisés dans les services suivants : réanimations (n=27, 31,4 %, médicale n=17 et chirurgicale n=10), oncologie médicale (n=17, 19,7 %), hépato-gastroentérologie (n=12, 15,8 %) et médecine interne (n=8, 9,3 %). La magnésémie moyenne des 86 patients était de 0,23±0,05mmol/L. Trente patients (35 %) avaient un cancer guéri ou évolutif, et près de la moitié (n=14) avait reçu des sels de platine récemment. Seize patients (19 %) étaient porteurs d’une stomie. Plus de la moitié des patients (57 %, n=49) recevaient un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) (oméprazole en majorité), et 23 % (n=20) un diurétique (furosémide essentiellement). Pour respectivement neuf (10 %) et sept patients (8 %) qui présentaient un syndrome confusionnel ou un coma, la responsabilité de l’hypomagnésémie était difficile à affirmer du fait de comorbidités associées. Une hypokaliémie et une hypocalcémie étaient observées chez respectivement quarante-cinq (52 %, kaliémie moyenne à 3,6±0,99mmol/L) et quarante-deux patients (48 %, calcémie totale moyenne à 1,75±0,34mmol/L), et quarante-trois patients (50 %) présentaient les deux anomalies simultanément. Une hypoparathyroidie (PTH normale ou basse) était notée chez douze patients sur dix-sept dosages de PTH réalisés (70,6 %), avec une valeur moyenne de 36,8±10,9pg/ml (n : 11–57). Les causes d’hypomagnésémie les plus fréquentes lorsqu’elles pouvaient être déterminées étaient les suivantes : une perte digestive chronique (n=27, 31,3 %) par diarrhée (n=15) ou par stomie productive (n=12) ; une prise d’IPP (le plus souvent chronique, n=22, 25 %, cause unique retenue chez 3,5 % des patients), un traitement par sels de platine (n=8, 9 %), un sepsis sévère (n=8, 9 %), une malabsorption par maladie inflammatoire chronique de l’intestin (n=6, 7 %). Pour quatre-vingts patients (93 %), plusieurs causes étaient identifiées simultanément, avec en moyenne 2,2±0,9 causes. Au moins une cause pouvait être identifiée pour tous les patients. Quatorze patients (16 %) sont décédés dans les quinze jours suivant l’hypomagnésémie sévère, dont un par fibrillation ventriculaire.
Conclusion |
La prévalence des hypomagnésémies très profondes (<0,3mmol/L) est très faible (<0,5 % dans ce travail), ce qui explique certainement la rareté des données disponibles dans la littérature. Les hypomagnésémies très profondes sont associées environ une fois sur deux à une hypokaliémie, ou à une hypocalcémie sévère fréquemment secondaire à une hypoparathyroïdie. Les étiologies en sont dominées par les maladies digestives (stomie, diarrhées chroniques, malabsorption). Si les sels de platine sont une cause médicamenteuse classique, on note que plus de la moitié des patients recevaient un IPP (retenu comme cause où facteur favorisant de l’hypomagnésémie sévère dans 25 %). L’hypomagnésémie très profonde est un marqueur de mortalité intrahospitalière élevée.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 37 - N° S1
P. A42-A43 - juin 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?